En mal d’enfant

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    Maman & CO
    Maître des clés

    Bonsoir à toutes,

    Je ne trouvais aucune rubrique dans laquelle écrire ma détresse et je m’excuse d’avance si mon message était mal placé. Quoique je pense qu’ici nous partageons la même envie dévorante d’avoir un petit être chaud posé sur notre cœur tout en devant composer avec l’injustice de la vie qui ne gâte jamais celles qui le désirent le plus.

    J’ai 29 ans et j’ai eu la chance de tomber enceinte 4 fois sauf que je n’ai aucun enfant vivant à ce jour. J’ai fais une IVG à 17 ans car j’étais trop jeune pour avoir un bébé, à 23 ans mon petit garçon est mort à la naissance. A 25 ans, j’ai eu un autre petit garçon qui nous a quitté à l’âge de 2 mois et à 26 ans j’ai fais une fausse-couche. Et depuis je n’ai jamais réussi à retomber enceinte. J’ai d’ailleurs fini par me séparer. Il faut dire que ces 6 dernières années m’ont trop détruite, trop mise par terre, trop tout. Vous allez peut-être vous demander ce que je fais là vu mes antécédents de grossesses, mais qu’importe, la finalité c’est qu’aujourd’hui je suis comme vous, sans enfant et dans l’incapacité inexpliquée de leur donner des frères et soeurs.

    J’ai rencontré un nouveau compagnon et j’ai repris la pilule car j’ai fais un accompagnement en fin de vie et c’était tout simplement, exceptionnellement, pas le moment. Et puis cet été, mon papa, mon pilier, le grand Amour de ma vie encore tout jeune a finalement succombé à sa tumeur au cerveau. Cette envie viscérale, presque vitale de reporter la vie, pour survivre, pour retrouver un sens à mon existence, a ressurgit brutalement. J’en ai parlé à mon compagnon en lui précisant que de toute façon cela pourrait prendre du temps vu que depuis 2 ans il n’y a eu aucune grossesse à l’horizon. Mais il n’était pas aussi pressé que moi et n’a pas souhaité que j’arrête la pilule, il ne voyait pas le rapport entre le décès de mon papa et l’envie d’un bébé. Mais pour moi, c’est comme si son départ avait révélé l’importance d’avoir sa famille, de la valeur de la vie et du temps. Je ne veux plus attendre, perdre du temps, au risque de voir partir d’autres membres de ma famille sans pouvoir leur présenter mes enfants.

    En octobre j’ai été consulté le gynéco pour une visite de routine, j’ai fais une échographie qui montrait chaque ovaire rempli de futurs ovules et le bilan hormonal qu’il m’avait prescrit est revenu bon. Je ne sais pas pourquoi j’avais demandé tous ces examens… Sûrement pour me rassurer et rêver, à défaut d’avoir un bébé, je m’accrochais à l’espoir des possibles et pour être opérationnelle si j’avais un « OUI » de mon chéri pour démarrer les essais. J’ai eu l’impression que dans la tête des médecins comme ça avait marché par le passé c’était : « Il n’y a plus qu’à ! ». Mon gynéco considère qu’il a rempli sa part du job puisque au niveau anatomique les examens n’ont rien révélé d’anormal. Mais alors pourquoi rien ne vient ? En attendant, le calendrier s’égraine, on souffre, le couple s’effrite parfois jusqu’à disparition, la motivation s’étiole et on voit les autres avancer, se construire et agrandir leur famille. Et nous on reste sur le quai. Le train nous a oublié.

    Dans mon entourage, je suis une des seules qui n’a pas d’enfant et c’est très difficile. Mes copines de collège ont toutes un enfant, et la plupart en sont à leur 2ème voire 3ème enfant. Et moi je suis maman seulement dans mon coeur, mais pas aux yeux du monde. La mort a annulé l’existence de mes enfants et toutes ces petites remarques formulées sans intention de blesser comme : « Désolée, je ne peux pas sortir samedi soir, j’ai un bébé qui ne fait pas ses nuits, tu comprendras quand tu seras maman, mais profite de pouvoir encore sortir t’as de la chance ! » les tuent une seconde fois. Pardonnez-moi si je choque mais j’ai envie de leur dire : « Oui et toi tu comprendras quand le tien sera mort que je n’ai pas de chance !! Je préfèrerai avoir ta vie et être réveillée la nuit par les pleurs de mon bébé que par mes propres pleurs. Et si je sors c’est parce que cette putain de vie m’a offert l’exact contraire de ce que t’as eu et que pour continuer de vivre, j’ai besoin de me soûler au propre comme au figuré »

    Alors je reste en marge de tous ces gens qui me blessent avec leur bonheur familial, je fréquente des gens plus jeunes, car les gens de mon âge sont installés dans le confort d’une routine de vie familiale. Je suis en décalage avec eux. On est plus dans le même monde.

    Je me sens nulle, incapable, diminuée. Je n’ai jamais été jalouse des femmes enceintes et des jeunes mamans, même immédiatement après la perte de mes enfants. Au contraire, les voir me donnait de l’espoir dans le fait que parfois les histoires finissent bien et que tout était possible pour moi aussi. Mais aujourd’hui, je leur en veux, elles me renvoient mon incapacité, mon infériorité, ma féminité défaillante puisque je n’arrive pas/plus à porter la vie malgré ma volonté. Et quand je me regarde si envieuse, si sombre et éteinte je me dis pas étonnant qu’aucun bébé n’ait envie que je sois sa maman. J’ai obtenu toutes mes grossesses sans chercher leur venue mais sans m’en vanter pour autant. Il n’empêche que aujourd’hui je me sens « punie » de ces facilités du passé pas assez savourées.

    J’ai bientôt 30 ans et jamais je n’aurais imaginé ma vie comme ça. Je le vis comme un échec et mon homme n’a jamais compris que cette envie devenait viscérale, limite vitale. Il n’a jamais compris que ça me rende malade à ce point, que ça m’obsède autant et encore je me modérais beaucoup pour lui cacher.

    J’en parle au passé parce que je l’ai quitté il y a quelques semaines. Notre relation me rendait insatisfaite en partie à cause du fait qu’il refuse de faire un enfant maintenant car lui trouve que c’est trop tôt entre nous. J’ai commencé à avoir du ressentiment à son égard, je lui en voulais de ne pas comprendre à quel point pour moi c’était important, même nécessaire. Alors j’ai préféré partir et le laisser trouver une femme qui accepterait d’attendre. Moi je n’y arrive plus.

    Je trouve que les hommes sont aussi égoïstes de refuser une maternité à une femme qui le désire ardemment, que les femmes qui leur imposent une paternité non désirée. Eux, ils peuvent faire des enfants jusqu’à leur mort alors forcément ils ne sont pas pressés par le temps. Ils peuvent même nous quitter à 50 ans pour trouver une jeunette bien féconde et nous on sera restées sur le carreau à avoir satisfait les désirs d’un homme toutes ces années sans penser aux nôtres. La mort de mon père m’a appris que je ne ferai plus jamais quelque chose que je n’ai pas envie de faire. Mais comme je ne souhaite pas imposer un enfant à celui qui n’en veut pas, je pense à aller faire un enfant seule à l’étranger, même si j’ai bien conscience que ce n’est pas une démarche facile. Je pense avoir les épaules pour, j’ai été seule toute ma grossesse, pour la naissance et les premiers mois de vie de mon deuxième garçon.

    L’absence d’enfant me bouffe, ça devient une obsession j’y pense du matin au soir, j’ai l’impression de devenir folle. Dans la rue, sur les réseaux sociaux, de partout, je vois ces amies ou ces inconnues enceintes. Et moi, je suis seule avec cette souffrance qui me ronge, avec le souvenir de mes bébés et ce creux dans mon ventre qui ne demande qu’à être habité. D’eux, je n’ai plus que des images dans ma mémoire, des photos et quelques affaires leur appartenant dans deux grandes boîtes, une chacun, en haut d’un placard que je n’ouvre jamais. Partout je vois des jolies choses que j’aurais envie d’acheter mais j’en suis privée car mon ventre reste désespérement vide parce qu’en plus de ne plus y arriver, aujourd’hui je n’ai carrément plus de situation sentimentale.

    J’ai l’impression de ne plus avoir droit au bonheur. Et quand parfois il toque à ma porte, je le rejette car je me dis qu’il ne durera pas. C’est paradoxal. J’aimerai savoir si certaines d’entre vous se reconnaissent dans cet état d’esprit ou si c’est moi qui ai un problème ? Je suis déjà suivie par un psychologue par rapport au décès de mon père, nous avons un peu abordé le sujet des enfants, mais je ne retire que peu de bienfaits de ces séances. Je pense à essayer l’EDMR, l’hypnose, l’acupuncture pour essayer d’apaiser tous ces trauma et cette immense colère envers la vie.

    Je vous remercie de m’avoir lu.

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