Opter pour un congé parental peut avoir des conséquences significatives. Non seulement sur vos finances, mais surtout sur la manière dont votre enfant vivra la séparation.
Une étude récente du Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke coïncide avec le moment où Aurore Bergé, fraîchement intégrée au gouvernement, aborde l’idée d’un congé parental raccourci mais mieux rémunéré.
Le congé parental choisi pour des raisons financières
C’est un véritable dilemme pour tous les parents. Après le congé maternité, il faut décider s’il faut reprendre le travail ou prendre un congé parental pour s’occuper de son bébé. Mais avons-nous vraiment le choix ? D’abord, il faut trouver une solution de garde. Ensuite, il faut faire les calculs. Souvent, lorsque les parents n’ont pas de revenus élevés et qu’il n’y a pas de place en crèche, celui qui a le salaire le plus bas (généralement la femme, comme vous pouvez l’imaginer !) reste à la maison pour s’occuper du nouveau-né. Pourtant, selon une étude publiée en juillet 2023, les bénéfices du congé parental sur l’équilibre et le bien-être des enfants sont si importants qu’il devrait s’agir d’un véritable choix et non d’un choix par dépit.
Le congé parental réduit l’anxiété de la séparation
Gabrielle Garon-Carrier, professeure au Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation à l’Université de Sherbrooke, a conduit son étude sur 1295 familles. Au départ, elle pensait que la situation financière des familles et le stress qui en découlait influençaient davantage le niveau d’anxiété de séparation que la présence du parent.
Je me demandais pour certaines familles ce qui allait prévaloir : l’aspect économique ou la possibilité de développer cette relation si importante pour le développement [de l’enfant].
L’étude a révélé que plus les mères reprennent le travail tôt, plus le niveau d’anxiété de séparation est élevé.
Les enfants dont les mères sont retournées au travail dans les cinq mois suivant la naissance auraient un niveau d’anxiété de séparation significativement plus élevé que les autres.
L’angoisse de séparation
L’angoisse de séparation, également appelée anxiété de séparation, est une peur intense éprouvée par l’enfant dès qu’il est éloigné de sa principale figure d’attachement. Il s’agit généralement de sa mère, mais pas nécessairement. Gabrielle Garon-Carrier explique que cette réaction excessive et inappropriée touche certains enfants plus que d’autres et qu’il est intéressant d’essayer de mieux comprendre le mécanisme de ce trouble. S’il est normal qu’un enfant, vers 8-9 mois, ait du mal à se séparer de sa maman, il n’est pas normal que ce trouble persiste et engendre de grandes difficultés pour lui et sa mère. Cependant, pour la chercheuse, un retour rapide au travail de la mère peut être plus intéressant que de rester auprès de l’enfant, si la situation financière du couple entraîne un réel stress pour les parents. Dans ce cas, le retour au travail sera bénéfique pour la santé mentale de l’enfant.
Congé parental pour les mères et les pères
La professeure Garon-Carrier souhaite poursuivre ses recherches en élargissant l’échantillon de familles.
On va examiner, cette fois-ci, non seulement le congé parental des mères, mais aussi celui du père. Quels sont les impacts sur la santé mentale du couple ? Une femme dont le conjoint prend un congé, cela peut l’aider dans la transition vers la parentalité.
Ainsi, en proposant de réduire la durée du congé parental et de mieux le rémunérer, Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, pensait sans doute favoriser l’accès à ce congé pour un plus grand nombre de parents.
Trop de mères et de pères renoncent au congé parental parce qu’il est trop faiblement indemnisé (…) Je veux laisser un vrai choix aux familles.
La proposition de la ministre fait grincer des dents. 45 % des Français se sont déclarés défavorables à cette idée.
Sources : La Tribune / Libération
